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Les Finisterres de l'esprit

Rimbaud, Segalen et moi-même
Nouvelle édition, Paris, Éditions Isolato, 2007.
Première édition, Cléguer, Éditions du Scorff, 1998.

Présentation de l'éditeur

     Dans son « laboratoire cosmopoétique » sur la côte armoricaine, Kenneth White s’entretient, à travers l’espace et le temps, avec des figures du monde entier. Mais un de ses interlocuteurs préférés reste le poète pérégrinant d’origine bretonne, Victor Segalen. White s’entretient avec Segalen de la même manière que Segalen s’entretenait avec Rimbaud. Du dialogue naît ainsi un trialogue, où il est question de science, de philosophie, de poésie – toutes, poussées jusqu’à leurs limites. À ces limites se dessine une nouvelle contrée, un monde qui dépasse les pays. En s’entretenant avec Rimbaud et Segalen, White balise son propre itinéraire et définit sa propre poétique, tout en offrant une nouvelle approche de la géopoétique.

Extraits
Préface de l'auteur

     « Quelles sont les contrées qui réjouissent d’une façon durable ? » se demande Nietzsche dans Le voyageur et son ombre. Et il se répond : « Cette contrée possède des traits significatifs pour un tableau, mais je ne puis saisir la formule pour l’exprimer ; comme ensemble, elle est insaisissable pour moi. Je remarque que tous les paysages qui me plaisent d’une façon durable contiennent, sous leur diversité, une simple figure de lignes géométriques. Sans un pareil substratum mathématique, aucune contrée ne devient pour l’œil un régal artistique. Et peut-être cette règle permet-elle une application symbolique à l’homme. »
     Voilà le point de départ d’une réflexion interrogatrice, mieux, d’une déambulation méditante.
     Ici, sur la côte nord de la Bretagne, j’ai depuis quelques années, parmi mes interlocuteurs constants, un écrivain d’origine bretonne : Victor Segalen. Conscient du lieu, et de l’existence d’une littérature ancienne de haut vol, Segalen dépasse néanmoins tout localisme culturel, tout enfermement régionaliste. En fait, échappant aussi au petit monde des lettres et à l’intelligentzia, il est, de tous les écrivains modernes de langue française, un de ceux qui sont allés le plus loin (je confonds exprès espace et esprit), à la fois avec clarté et exactitude.
     J’ai interrogé Segalen un peu de la même manière que Segalen a interrogé Rimbaud.
     On remarquera qu’avec Segalen, comme avec d’autres « figures du dehors » avec lesquelles je me suis entretenu, j’essaie de faire quelques pas de plus. Si, avec Segalen, on commence nécessairement dans la dialectique idéalisme/réalisme, on en sort au moyen du nomadisme (physique et intellectuel). En nomadisant, on côtoie le nihilisme. C’est en vivant jusqu’au bout le nihilisme que l’on peut atteindre (c’est une question d’intelligence ouverte et d’énergie poétique) la « contrée » dont parle Nietzsche et, plus généralement, les rives de la géopoétique.