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Une apocalypse tranquille

Paris, Grasset, 1985.
Grand prix Question de 1986.

Présentation de l’éditeur (fragment)

     Tout en diagnostiquant, à sa manière, c’est-à-dire d’une façon allègre, qui séduit sans peser, la crise culturelle que traversent nos sociétés, Kenneth White rend compte ici de tentatives actuelles de l’Occident pour en sortir : plusieurs chemins, littéraires et poétiques, mais aussi philosophiques, psychologiques et scientifiques semblent, dès à présent, mettre à notre portée un espace de vie et de pensée plus délié, plus fertile, dégagé de toute problématique vétuste.
     On croise là non seulement certaines figures familières et marquantes de la scène française contemporaine : Barthes, Blanchot, Derrida, Cioran, Michaux, mais aussi Thomas Hardy, de Quincey, Dylan Thomas, D. H. Lawrence, James Joyce, ou encore Jack London, Hart Crane, Castaneda, Alan Watts, sans oublier Hölderlin, Matsuo Basho et Héraclite. On explore là les creux, mais on voyage surtout sur les crêtes.

Extraits
     En 1935 parut aux Etats-Unis la pièce d’Odets En attendant Lefty. Quelque vingt ans plus tard paraissait à Londres et à Paris la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot. En 1964, le critique littéraire Leslie Fiedler publie En attendant la fin. Dans ces trois titres, on peut lire en raccourci notre histoire intellectuelle et culturelle récente.
     Ce qui est proposé ici, ce n’est pas une attente de plus, que ce soit d’un miracle socio-politique, du salut divin ou d’une fin de partie. Ce serait plutôt la fin de l’attente.
     Si je parle d’une « apocalypse tranquille », qu’on ne s’attende à aucune lamentation, aucun prophétisme.
     Au-delà de ce qu’une apocalypse, normalement comprise, comporte d’hystérie collective, de millénarisme, d’eschatologie, de bouleversements dans le ciel accompagnés de révolutions terrestres sanglantes suivies de lendemains qui chanteront faux, j’entends « apocalypse » ici dans le sens premier, le sens grec du terme : dévoilement, mise à nu.[…]
     Ce que j’ai essayé de faire, c’est de montrer comment, à partir de champs d’action et de pensée situés très loin apparemment les uns des autres, se dégage, à l’heure actuelle, un espace autre ou du moins ses premiers contours. Parmi les vies et les voies dont il va être question, certaines tournent court et se fixent sur des lieux à mi-chemin ; d’autres vont « jusqu’au bout », mais vers un effondrement ; d’autres encore débouchent vraiment sur un espace de vie et de parole différent.
     Une apocalypse tranquille se veut à la fois un livre de lectures radicales et extravagantes, le développement-déploiement d’une pensée non pesante, et le carnet de bord d’un passage. Ce passage est individuel pour chacun (de là, comme pour La Figure du dehors, l’implication personnelle de l’auteur dans ces pages), mais il est aussi, je pense, général, de sorte que le « je » qui évolue dans l’espace de ce livre est à prendre non pas comme une identité personnelle, mais comme un jeu d’énergies, à la limite, anonyme.

Presse
Une apocalypse tranquille traduit avec lumière et sensibilité la façon d’être de Kenneth White qui se meut avec aisance dans les pourquoi et les comment de notre temps, sans se forger des clefs qui puissent ouvrir toutes les portes à la fois. Il n’a pas de solution à nous proposer : il fait mieux, en nous communiquant ses convergences intimes, qui laissent la place à de nouvelles interrogations.
     Alain Bosquet, Le Monde

L’Occident se sortira-t-il de la crise culturelle ? Voici un livre qui propose des solutions, des variations, des respirations différentes. Poésie et littérature sont les grandes gagnantes de cette tentative d’échapper à des acquis étouffants. À lire à tout prix. Un livre que l’on souligne presque à toutes les lignes.
     Jean-Pierre Fily, Ouest-France

Avec son dernier recueil d’essais, écrit selon le mouvement d’un nomadisme tranquille, on vérifie certaines convergences entre la « nébuleuse romantique » et l’« exigence de reconstruction de l’être culturel ». Post-modernisme, certainement, fondé sur des lectures non-universitaires de Melville, Cioran, Bataille, Watts, Olson, sans oublier les maîtres du haïku. Elles sont autant d’interrogations sur les limites et l’agoraphobie de la littérature française contemporaine. On y vérifie, entre autre choses, que jamais la littérature ne doit être le but, et qu’à l’instar des écrivains du « Grand Jeu », le désir est bien « désir d’élargissement ». L’apocalypse, selon Kenneth White est mise à nu d’un espace de vie et parole. Et ce n’est pas le moindre mérite d’un des plus importants écrivains de notre temps que de nous rappeler que la pensée est d’abord respiration.
     Serge Velay, Calades