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Terre de diamant

Édition bilingue. Traduit de l'anglais par Philippe Jaworski.
Lausanne, Alfred Eibel Editeur, 1977.

Extrait de la note de l’auteur

Le présent volume constitue le prolongement du livre En toute candeur paru au Mercure de France en 1964, selon un processus que l’on pourrait indiquer brièvement ainsi : du monde matriciel à la terre de diamant. De l’un à l’autre, le chemin est celui d’une poésie itinérante.

Extraits
Les murs d’une chambre ancienne

Sur le premier mur
il y avait une estampe de Hokusai

sur le second
une radiographie de mes côtes

sur le troisième
une longue citation de Nietzsche

sur le quatrième
rien du tout –

c’est celui que j’ai traversé
avant d’arriver où je suis.


Nouvelle lune

Ces murs sont devenus maussades, et moi
qui habite ente une crémerie et un antiquaire
entre une gare et une bibliothèque
je ne lis pas l’avenir, je ne vis pas le présent,
mon ventre est plein de souvenirs nauséeux et
mon crâne résonne comme ne vieille boîte vide, pourtant

le soleil ira vers le nord, il se lèvera
dans le ciel glacé, et les jours
s’allongeront. Nouvelle au début du mois,
la lune, la quinzième nuit,
étant pleine et et toute proche de la terre,
fera monter sur la côte des marées hautes comme des baleines.


Lumière de Scalpay


Voici le sommet de la contemplation, et
   nul art ne saurait l’atteindre
bleu, si bleu, le lointain archipel, et
   la mer qui miroite, miroite
nul art ne saurait l’atteindre, l’esprit ne peut
   que tenter de s’y accorder
de s’apaiser, de s’espacer, tenter
   de s’ouvrir, tranquille, au-delà du monde
révélé à lui-même en terre de diamant,
   dans la lumière au-delà des mots.

Presse
L‘an dernier, nous avions pu lire de Kenneth White, poète franco-écossais, Les Limbes incandescents.[…] On retrouve le même mélange ineffable d’humour et d’absolu, et la double attirance vers « la voie du Nord » des origines et les philosophies orientales.
     Tony Cartano, Les Nouvelles littéraires

Déjà, en 1964, avec la parution au Mercure de France d’En toute candeur, s’étaient retrouvés autour de son nom les mêmes adhésions complices, les mêmes  enthousiasmes prosélytes que suscite à chaque fois celui par qui l’ordre des idées ou des mots est bouleversé.
Treize ans plus tard, malgré quelques poèmes dans des revues sans cesse disponibles pour attiser le feu qui couve, Kenneth White demeure rare, secret et toujours d’excellente compagnie. Terre de diamant, son nouveau recueil, devrait pourtant, en ces temps étroits, trouver un auditoire plus décidé, même si, comme l’écrit White, sa poésie peut, du point de vue « moderne », sembler anachronique, atopique et même, dans un monde où le concret et l’événement nous étouffent, abstraite. Le mot risque de faire peur. À tort. Ça sonne juste et dru, comme les ciels d’Auvergne ou d’Écosse dans l’hiver du gel, vous éclaboussant de lumière alors que votre cœur doucement s’assoupissait.
     Gérard Guégan, Le Nouvel observateur

Cette polymorphie ou polyphonie du corps poétique, cette résonance habitée du sensible, qui s’épure et se cristallise comme dans les haïku ou les peintures d’Hokusai, fait d’une telle œuvre, dans sa plus foncière dimension, une poéthique – une ligne de vie. […]
 Ainsi, en compagnie du plus lointain, la poésie de Kenneth White accomplit-elle son orientation, elle passe à l’Est sans surcharge, sans religiosité. L’Orient – non sa bouillie débile pour les affamés de tous bords, mais précisément sa distance, celle de Tchouang-tseu et de Basho –, l’Orient ne vient pas là traduit : il est la façon même dont le poème se lave de la poisse déclarative. […]
Kenneth White n’est donc pas moderne ; et s’il faut voir avec Nietzsche la condition moderne comme celle du bariolage, on entend mieux encore la blancheur de White. Certainement pas celle de Mallarmé ou de Blanchot – ni même de Malevitch ou de Mondrian. Le blanc est la couleur du monde présent, et les poèmes du monde blanc sont autant d’expériences du réel. Il faut relire ici les très beaux textes qui ouvraient le recueil de 1964, En toute candeur. White y affirmait hautement l’antériorité évidente de la terre, à laquelle seule la poésie répond, qu’elle seule manifeste : « Le contenu de tout ce que j’écris, c’est : touchez terre à nouveau, revenez à la matria, au monde immédiat. »
     Claude Vivien, La Quinzaine littéraire