Hong Kong, Scènes d'un monde flottant
Édition bilingue. Traduit de l'anglais pas Marie-Claude White.
Lausanne, Alfred Eibel, éditeur,1976.
Présentation de l’éditeur (première édition)
Il vient un moment dans la vie d’un écrivain où, un certain travail accompli sur lui-même, il est plus ouvert, intense d’une autre façon, d’une façon plus détendue, accueillant lieux et personnes dans toute leur confuse mobilité. Les Scènes d’un monde flottant représentent ce moment dans la carrière poétique de Kenneth White.
Plaque tournante de l’Asie du Sud-Est, située aux frontières de deux mondes politiques, l’île de Hong Kong (qui jadis faisait partie du district San On de la province de Kwantung), avec sa partie continentale Kowloon, offre aujourd'hui la population la plus dense et la plus variée, les contrastes les plus frappants : theatrum mundi. Le livre présente un portrait de la ville sur une journée, depuis le départ de la première jonque dans les brumes blanches du matin jusqu’au rat qui se faufile repu dans son trou après la fermeture du dernier bateau-restaurant, en passant par une série de portraits humains. Quinze images, comme autant de prises de vues cinématographiques. Le meilleur cinéma n’est-il pas encore celui que l’on fait pour soi-même, dans sa tête ?
Mais au-delà du « cinéma » de Hong Kong, et de la fantasmagorie kinétique de la ville, c’est d’ukiyo-e qu’il s’agit, de cette « peinture du monde flottant » dont les grands maîtres furent Hiroshige, Utamaro, Hokusai : scènes de la vie qui passe, de la vie éphémère où, en contraste avec le paysage pur et vide des lettrés, c’est l’élément humain qui prédomine.
Qui dit élément humain dit désir. Si cinéma et ukiyo-e indiquent la structure et la méthode du livre, c’est essentiellement du désir qu’il est question, du désir et des mouvements divers pour le satisfaire, de « l’inaccessible du désir » dont parlent les textes bouddhiste. Le « monde flottant » n’est pas seulement celui de Hong Kong.
Extraits