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Kenneth White, une oeuvre-monde

par Christophe Roncato
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014

Présentation de l’auteur

Le poète, essayiste et prosateur franco-écossais, Kenneth White élabore depuis le début des années 1960 une œuvre singulière qui est aujourd'hui reconnue comme l’une des plus cohérentes de la post-modernité. Parce qu’il considère que la culture occidentale est prise dans une impasse, il cherche dans un contact rapproché avec la terre l’issue au malaise dans la civilisation. Selon une approche résolument nietzschéenne, il congédie toute forme d’arrière-monde, s’attache à démanteler l’axe vertical sur lequel l’Occident s’est construit et tente de redynamiser le séjour de l’homme sur terre. Conjointement à ce travail d’épure, l’auteur mène une réflexion sur le verbe et s’efforce de « trouver le langage inconnu auquel l’esprit aspire . En marge de tout lettrisme, en rupture avec une littérature purement littéraire, l’écriture whitienne se veut à la fois simple et souple, puissante et vivifiante. Pour ce faire l’auteur ne puise pas son inspiration dans la mythologie, mais il se met à l’écoute de la terre, de ses « pulsions telluriques », de ses « enveloppes thermodynamiques » et autres « vibrations » et « longueurs d’onde », en somme avec ce que Caillois avait nommé « l’écriture permanente du monde ». Bien qu’il mène un travail de sape, White ne fait pas table rase du passé et salue sur son chemin un grand nombre de compagnons. Il a d’ailleurs poussé cette logique du collectif jusqu’à son comble en fondant, en 1989, l’Institut international de géopoétique et en cherchant à déployer les énergies inhérentes à son œuvre dans le social et le culturel. D’un travail dans le champ des idées à une action dans le contexte social et culturel en passant par un travail sur le mot, cet ouvrage se propose de retracer les étapes qui ont mené à l’émergence d’une « œuvre-monde ».
Presse
Kenneth White a été universitaire, il sait donc de quoi il parle quand il met en cause les institutions, et c’est peut-être bon signe que des universitaires s’intéressent à son travail qui a pour fil conducteur le fil d’une écriture ancrée à la fois dans la connaissance intellectuelle, les recherches transdisciplinaires et l’expérience vivante. C’est donc aussi cette approche en miroir - peut-être même en miroirs multiples - que l’enseignant-chercheur de l’université de Grenoble offre au lecteur. Le chapitre 6 : L’œuvre en ligne de mire, est une analyse particulièrement aiguë et intéressante du travail du poète-voyageur, montrant bien tous les aspects de ce travail : multidimensionnel et cohérent, littéraire et littoral, de longue haleine et de grande envergure, chevillé au réel et tourné vers le dehors.

Ici je repense à ce passage de La maison des marées, qui nous ramène à la photo de couverture :

Quant aux théories, aux interprétations et aux calculs, je les écoute avec attention, dans un silence de pierre, avant de retourner, sur le rivage ou sur la lande, à quelque rocher où le gel et le sel de la mer ont écrit le climat des âges.  Le livre de Christophe Roncato rend compte d’un travail exigeant, à la hauteur de l’exigence de l’œuvre-monde de Kenneth White. Mais rien de rébarbatif toutefois dans cet ouvrage bien construit et dynamique. En effet, l’auteur se révèle chercheur, fouillant et analysant avec acuité, autant que guide, relevant et indiquant avec pédagogie les lignes (en saillie, en creux ou presque imperceptibles) d’une œuvre aux fourmillements laborieux et diamantins, aux mouvements ressourçants et émancipateurs, et aux éblouissements blancs.

Jigmé Thrinlé Gyatso
Lire la recension complète dans La Revue des Ressources